Il s’agit du voyage d’un enfant, Masao, et d’un homme. Ce dernier est un peu escroc et un peu yakuza, raté et solitaire. Il accompagne Masao dans sa quête pour trouver sa mère qu’il n’a pas connue dans un road-movie ludique et drôle sur les routes du Japon.
C’est un voyage rempli de symboles de l’été au Japon, des feux d’artifices, faire du camping, manger des pastèques… Si ces symboles récurrents chez le réalisateur Takeshi Kitano évoquent la mélancolie et la mort dans ses films précédents, ici tout transcende cette mélancolie pour en faire une saison heureuse. Et pour dépasser rien ne vaut une bonne transgression ! Ce voleur patenté enfreint les règles et si Masao en est au début la victime, il finira par en être le complice. Le voyou au caractère comique, de par sa maladresse, devient une figure paternelle réconfortante. Si cet homme est malhonnête, il est également le guide protecteur de l’enfant.
Ce film sensible et touchant montre l’été comme une saison des souvenirs. L’été reste un temps à part. Il est celui des vacances, celui où l’on se construit de précieux moments. Loin de la nostalgie, ces souvenirs sont avant tout vivants. Masao est un enfant plein de vie, qui est en mouvement à l’ouverture et la fermeture du film.
A la mer, nous ne sommes pas tout à fait les mêmes. Elle-même est très changeante. Elle est fluctuante et alterne entre agitation et calme. Dans la filmographie de Kitano, l’océan très présent, est le lieu de la transformation et souvent annonciateur d’un départ. Ici Kikujiro devient père et la plage est le point de départ du voyage de retour pour Masao.
"Ce que j'ai fait l'été dernier"
Le délicat Été de Kikujiro semble être un carnet de voyage réalisé par Masao lui-même. Le film démarre d’ailleurs, ses chapitres par une photo et une légende à l’écriture enfantine.
Ce film ne s’appelle pas l’été de Masao. Pour l’anecdote, Kikujiro est non seulement le nom de l’escroc maladroit mais il est aussi le nom véritable du père de Kitano. Toute la question est si cet été est celui de Kitano enfant ou du jeune Masao.
C’est doux, drôle et on redevient ces gamins un peu rêveurs le temps de cet été au Japon. Qu'importe leur quête, on s'attache à la poésie de l'instant avec ce duo émouvant.
Pour continuer le voyage...
L'Eté de Kikujiro - Bande annonce VOST
Les Génériques de Takeshi Kitano - Blow Up - ARTE
Revoir Kitano - Podcast
Philosopher avec Takeshi Kitano (3/4) : L’été de Kikujiro/ Kids return, de l’enfance à l’âge adulte - Podcast
Bibliographie
Asakusa Kid, un roman autobiographique de Takeshi Kitano – Denoël et d’ailleurs
La vie en gris et rose, de Takeshi Kitano - Editions Philippe Picquier
Takeshi Kitano – Hors Catégorie, de Lucas Aubry – Editions Capricci
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