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Moustache et Charentaises ne font pas bon ménage

Dernière mise à jour : 29 mai 2023


Jean Rochefort, l’ironie du sort

illustration Jean Rochefort par Margoulette Illustration

On reconnaît Jean Rochefort à sa moustache inoubliable et à son timbre de voix chaleureux.


L’acteur français populaire au regard d’enfant malicieux nous a quitté un 09 octobre 2017 et nous ne nous lassons pas de redécouvrir ses bons mots et son style flegmatique à travers le cinéma d’hier.


Les rencontres, les amitiés indéfectibles


Saint-Lunaire et l’ami Pierre

Né le 29 avril 1930 à Paris, il passe sa jeunesse en Bretagne où pendant ses vacances il improvise avec ses amis de petits films sur la plage. Il rêve déjà de devenir acteur et ne se voyait « pas vivre ailleurs que dans la fiction. »


Jean se lie d’amitié avec Pierre Besson, en 1948. C’est le fils de la marchande du magasin de souvenirs « Au Petit Bonheur », un garçon rêveur qui a fait les Beaux-Arts.



C’est lui, l’ami avec qui il imagine leur futur, l’un au cinéma, l’autre comme artiste.


Pierre le persuade de prendre des cours de théâtre à Nantes, et l'année suivante, de venir à Paris suivre les cours à l'école de la rue Blanche.


La bande du Conservatoire


C’est au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris qu’il rencontre la « bande du Conservatoire » : Jean-Paul Belmondo, Annie Girardot, Claude Rich, Jean-Pierre Marielle, Françoise Fabian, Pierre Vernier, Michel Beaune et Bruno Cremer.


Jean Rochefort apprend, le 30 juin 1953, qu'il n'est pas admis à concourir. Cette fois-ci, c’est Jean-Pierre Marielle qui l'incite à passer une audition à la Compagnie Grenier-Hussenot. Reçu, il y reste sept ans. Rochefort y fait la connaissance d'Yves Robert et d'Hubert Deschamps, avec lesquels il se produit fréquemment au cabaret. Il y croise Georges Brassens, Jacques Brel, et la chanteuse Barbara.

C’est elle qui lui présente Philippe Noiret. Tous les deux se produisent au cabaret L'Écluse.




En 1964, Delphine Seyrig, alors comédienne en vogue, insiste pour qu’il soit sont partenaire dans une adaptation de Cet animal étrange de Tchekhov. Il incarnera un personnage séducteur et sérieux, loin des rôles comiques qu’il a l’habitude de jouer. Le spectacle devient un succès critique et public.


Les portes du cinéma

Au cinéma il est d’abord cantonné aux seconds rôles. Il joue notamment aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans Cartouche ou L'Héritier.


Bertrand Tavernier fait appel à lui dans le rôle du commissaire Guilboud. Il donne la réplique à Philippe Noiret dans L'Horloger de Saint-Paul.


Il dira de Bertrand Tavernier qu’il lui a appris à se détendre face à la caméra.


Son grand ami, son frère de Saint-Lunaire, Pierre Besson, lutte contre un cancer en phase terminale pendant le tournage du Crabe-Tambour. C’est en hommage à son ami et parce qu’il trouvait le scénario remarquable qu’il contacte le réalisateur, Pierre Schoendoerffer, pour pouvoir jouer le rôle-titre.


Jean Rochefort interprète, en larmes au moment de passer le commandement, ce capitaine malade d’un navire de l’après-guerre perdue d’Indochine. Peu de temps après la sortie du film, Pierre Besson décède. Dans un dernier hommage, il prénomme son fils cadet Pierre.


« Le Crabe-Tambour, c’est un des films de ma vie.» confiera-t-il plus tard.


Alternant des rôles dans des films grand public et des films d'auteurs, il devient l'acteur fétiche d'Yves Robert et de Patrice Leconte.


C’est pourtant dans le rôle culte d’Etienne Dorsay, d’Un éléphant ça trompe énormément en 1976, que Jean Rochefort rencontre le succès populaire qu’on lui connait encore aujourd’hui.


Personne ne peut également oublier cette partie de tennis d’anthologie dans sa suite, Nous irons tous au paradis. Jean et ses acolytes Guy Bedos, Victor Lanoux et Claude Brasseur, y jouent ce match en double qui part très vite en vrille.


Il tourne également plusieurs films-avoine aux scénarios médiocres, essentiellement pour des raisons financières et nourrir ses chevaux.



A la réalisation


On le retrouve à la réalisation de plusieurs films documentaires :

  • Rosine en 1973 : sur les épreuves d'équitation de Rosine Boutin-Cailleux, jeune cavalière à Coëtquidan, devenue championne d'équitation et éleveuse

  • T’es fou Marcel en 1974 : un portrait-hommage de l'acteur Marcel Dalio

  • Cavaliers seuls en 2010 : avec Delphine Gleize un long-métrage sur l'entraineur équestre Marc Bertran de Balanda

Il nous reste de tous ces rôles tragi-comique, un personnage attachant à la voix inoubliable et dont l’élégante moustache frémissante s’accommodait moins à la charentaise qu’aux sneakers...



« J'aime l'habit confortable, mais j'ai la trouille de la charentaise. »



 

Bibliographie

  • GUERAND Jean-Philippe, Jean Rochefort, prince sans rire, Paris, Éditions Robert Laffont, 2017.

  • ROCHEFORT Jean, Ultime : Jean Rochefort, interview et conversations, Paris, Éditions Nova, 2018.

  • Jean Rochefort – revue Schnock n°39 - 16/06/2021



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